« …Haïs de tous à cause de mon nom »

Les textes d’aujourd’hui peuvent nous accabler ou nous encourager? Ça dépend des mots qui nous ont atteints en premier ? Je vous invite à lire en silence l’Évangile…  Il manque la première phrase : « Vous serez haïs à cause de mon nom. » (Moment de silence)
Levez la main ceux qui trouvent les lectures encourageantes?  Déprimantes? Pour ma part, entendre Jésus prédire à ses apôtres « qu’ils serons haïs à cause de Lui » me serre encore le cœur. Ça me fait penser à un fait de ma vie.

À 17 ans, lors de mon entrevue pour entrer chez les sœurs, la supérieure provinciale m’a dit : « Vous savez, mademoiselle, la vie religieuse, ce n’est plus beaucoup à la mode et il se peut qu’il y ait des persécutions… et que votre vie soit très difficile. »  Je trouvais qu’elle exagérait… qu’elle était bien pessimiste. Alors, j’ai répondu que je n’avais pas peur, que j’étais prête à tout !  J’étais tout feu, tout flammes, j’étais aussi aveugle que les jeunes amoureux.

J’ai été acceptée pour la période de formation. Dix ans plus tard, quand est arrivé le temps de faire mes vœux perpétuels, la phrase de Jésus « Vous serez haïs de tous à cause de moi » me faisait terriblement peur. J’avais de l’expérience de la vie et j’étais consciente de ma grande sensibilité et de l’immense souffrance que me causait les remarques négatives… J’étais loin de mon assurance du début. Pouvais-je croire que l’amour du Christ serait assez puissant pour suppléer à une telle pauvreté ?

C’est en pensant à ma tante Cécile que j’ai pu faire le grand saut. Elle hésitait à se marier car elle ne savait pas faire la cuisine. Son fiancé lui a dit : « Chaton, ne t’inquiète pas, moi, je sais faire la cuisine. Ce ne sera pas un problème ! » Elle l’a cru et ils se sont mariés.

Alors, j’ai dit bien naïvement au Christ, on va diviser le travail en deux. Moi, je ne suis pas capable de souffrir, alors, ce sera ta job. Moitié, moitié.  Ce n’est pas tout à fait comme cela que ma vie s’est déroulée. Mais après 56 ans de vie religieuse, où j’ai passé au travers de bien des épreuves, je peux témoigner que le Christ ne m’a jamais abandonnée, qu’Il a toujours été là avec la force de son Esprit, même si j’ai pensé qu’IL m’avait abandonné.

Vous de mêmes, vous pourriez dire la même chose aujourd’hui. Si vous regardez en arrière et pensez à toutes les épreuves que vous avez traversées, vous pouvez dire que Dieu a été dans votre vie, au bon moment.

C’est ce que Jérémie et l’Évangéliste Matthieu nous rappellent aujourd’hui.

Jérémie a vécu 600 ans avant Jésus-Christ dans une société corrompue. Les rois étaient infidèles à Dieu et ne s’occupaient pas des pauvres. Jérémie n’a cessé de dénoncer les injustices et les incohérences des rois.  Pendant 40 ans, il a crié sur tous les toits qu’il fallait changer de vie car la catastrophe guettait le peuple juif. Les rois ne l’ont pas écouté et ce fut la destruction de temple de Jérusalem et la déportation à Babylone.

Jésus-Christ a aussi dénoncé le système politique et religieux de son temps et demandé qu’on revienne à la base de la vraie religion : l’Amour, la Vérité, la Justice. Comme tous les prophètes, les riches l’ont fait tuer pour le faire taire.  Mais 2000 ans plus tard, sa Parole est encore vivante et actuelle et résonne sur tous les continents.

Aujourd’hui, nous sommes réunis dans ce lieu de culte. Seulement par notre présence, nous dérangeons du monde. Tu vas encore à la messe? Tu crois encore?  Moi, je me suis affranchi de la religion… Ce n’est pas le martyre comme dans les pays du Moyen Orient, mais ça fait mal de passer pour une arriérée, une niaiseuse…, une personne de droite.  Parce que nous croyons en Dieu, nous sommes soumis à la dérision.

Notre société prône la richesse, le plaisir, le mensonge et la mort.  Les nouvelles théories viennent en contradiction avec nos valeurs chrétiennes. Nous ne savons plus si nous sommes corrects ou si nous devrions penser comme tout le monde… Nous sommes confrontés à un très grand défi :  Avoir des convictions personnelles. On ne plus répondre : « Je pense cela parce que le pape, l’Église l’a dit… » C’est enfantin!  Il faut que notre témoignage vienne du cœur, de nos convictions, de notre conscience profonde. Cela demande la force de l’Esprit-Saint et le soutien d’une communauté.

Seul, nous ne passerons pas au travers. C’est pour cela qu’il est si important de se rassembler au moins une fois par semaine pour prier l’Esprit-Saint et renforcir nos liens fraternels. Et ce sera encore plus vrai dans l’avenir.

C’est ensemble qu’on est fort et qu’on peut s’entraider. Quand ça va mal, j’aime à redire cette prière : « Seigneur, tu m’as toujours donné la force du lendemain, et bien que je sois faible aujourd’hui, j’espère en toi. » 

Ancrons au plus profond de notre cœur les paroles d’encouragement de ce jour :

Le SEIGNEUR est avec moi, tel un guerrier redoutable :

Le SEIGNEUR écoute les humbles,

Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux.

Prenons un instant de Silence… pour accueillir la Parole.

Renelle ss.c.c. j.m.

Ce contenu a été publié dans Réflexions. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *